Comment mettre fin à l’emballage à usage unique ?
En mars 2019, la directive européenne concernant l’interdiction du plastique à usage unique a été adoptée. Cette loi prévoit ainsi la fin, dès 2021, de la mise en vente de divers produits en plastique à usage unique, tels que les contenants alimentaires et gobelets en polystyrène, les Cotons-Tiges, la vaisselle, les pailles, les films alimentaires et autres touillettes.
Si le plastique à usage unique est une source importante de pollution, il offre pourtant des avantages considérables, et parfois difficiles à remplacer, pour préserver et protéger les aliments. Les entreprises doivent s’adapter en conséquence.
Dans cet article, nous vous présentons les enjeux de cette directive et les alternatives envisageables pour limiter les emballages à usage unique.
LES PROBLÉMATIQUES DE L’EMBALLAGE À USAGE UNIQUE EN EUROPE
La production de plastique en Europe équivaut à :
20 millions de tonnes par an, dont 40 % exclusivement pour les emballages à usage unique (soit 8 millions).
Ce nombre est d’autant plus frappant que seuls 30 % du plastique produit sont recyclés : le reste est incinéré ou mis en décharge. Pire encore, chaque année, 8 millions de tonnes de plastique sont jetées dans les océans et les mers. La pollution représentée par le plastique à usage unique est ainsi massive.
Le problème posé par le plastique est multiple, avec de nombreuses conséquences. Lorsqu’il est rejeté dans les eaux, il lui faut pas moins de deux décennies avant de disparaître. C’est d’ailleurs la première cause de pollution marine (80 à 90 % des déchets dans l’océan sont du plastique).
L’ampleur du phénomène est telle que de véritables îles composées de déchets plastiques se sont formées dans les océans.
La plus imposante d’entre elles, surnommée « The Great Pacific Garbage patch » atteint une superficie estimée à environ 6 fois celle de la France.
Le problème n’est pas que maritime : abandonné dans la nature, le plastique peut nécessiter 450 à 1 000 ans avant de se décomposer totalement. À cela, il faut ajouter les différentes particules chimiques, parfois toxiques, qui viennent avec les déchets plastiques et polluent les sols et eaux, menaçant ainsi toute la biodiversité.
L’urgence à limiter l’utilisation du plastique, et plus encore le plastique à usage unique, est donc réelle. Heureusement, on assiste à une prise de conscience des consommateurs européens :
- 62 % se disent prêts à payer plus cher pour un produit alimentaire contenant moins de plastique dans l’emballage ;
- 90 % des Français attendent des marques alimentaires qu’elles utilisent moins de plastique dans leurs emballages. Et 63 % se disent même mal à l’aise à l’idée d’acheter des produits à usage unique contenant du plastique.
Les acteurs de la distribution ont eux aussi déjà pris des initiatives pour réduire l’utilisation du plastique à usage unique (ex. : Carrefour, Lidl, Leclerc), tout comme certaines grandes marques alimentaires (Coca-Cola, Nestlé, McDonald’s).
En choisissant de réduire, voire supprimer, leur utilisation du plastique à usage unique, ces marques et chaînes de distribution font un pas important en faveur de l’environnement.
Mais cela nécessite de repenser entièrement la conception des emballages. En effet, si le plastique a connu un succès aussi fort durant ces dernières décennies, c’est également en raison de ses nombreuses qualités : il est idéal pour préserver la fraîcheur des aliments, les protéger et garantir leur bonne conservation.
Si le plastique doit disparaître, il reste encore à lui trouver un remplaçant qui offre les mêmes atouts, sans les inconvénients…
LES ALTERNATIVES À L’EMBALLAGE À USAGE UNIQUE POUR LES INDUSTRIELS
Dès 2021, plusieurs produits sont interdits à la vente dans le cadre de la directive européenne concernant l’interdiction du plastique à usage unique :
- Les Cotons-Tiges
- La vaisselle en plastique : couverts, assiettes, gobelets, pailles, bâtonnets mélangeurs…
- Les produits oxo-dégradables
- Les contenants alimentaires.
Les entreprises doivent désormais s’adapter et trouver des alternatives au plastique à usage unique. Si beaucoup d’entre elles peuvent se sentir perdues face à ce challenge, en réalité des solutions efficaces existent déjà et d’autres ne manqueront pas de se développer progressivement ces prochaines années.
Sur les 8 millions de tonnes de plastique produites chaque année pour un usage unique, il est possible d’en supprimer 1,5 million de manière quasi immédiate. Et ce, en passant au carton pour les plats préparés, les barquettes de produits frais, les plateaux présentoirs et les emballages de viande, poisson et fromage.
Outre l’emballage en carton alimentaire, on peut également citer le film transparent en plastique thermorétractable : certains fabricants proposent désormais des gammes conçues à base de matières naturelles, recyclables et non polluantes.
Les produits alimentaires peuvent ainsi être emballés au plus près de manière écologique et tout en profitant de nombreux bénéfices : résistance, imperméabilité et esthétisme.
Autre remplaçant à l’emballage plastique alimentaire : le vernis bio alimentaire, résistant à la chaleur et pensé pour être en contact avec la nourriture de façon sécurisée.
D’autres alternatives à l’emballage alimentaire en plastique peuvent être envisagées. On peut citer notamment le bois, le bambou, l’amidon végétal, la cire d’abeille, la bagasse, la canne à sucre, les algues, ou tout autre matériau naturel pour concevoir un emballage alimentaire biodégradable…
On pourra également citer l’exemple de marques qui vont plus loin encore en proposant des emballages réutilisables ou même consommables.
Outre la nécessité de trouver un substitut au plastique à usage unique, c’est l’intégralité de la conception des emballages qu’il est nécessaire de repenser : choix des matières premières et des fournisseurs (opter pour un fournisseur emballage alimentaire recyclable ou biodégradable), chaîne de production, économie circulaire, poids du vide…
Il existe de nombreux points, parfois simples et peu coûteux, voire rentables, à améliorer pour limiter l’empreinte carbone d’une entreprise. Limiter l’usage du plastique n’est donc qu’une étape parmi d’autres pour s’engager réellement en faveur de l’environnement.
LE CAS SOLARENN : DES EMBALLAGES DURABLES
Solarenn est une coopérative de producteurs de tomates, garanties cultivées sans pesticides, en Bretagne. Elle s’inscrit depuis sa création dans une démarche de développement durable qui respecte et bénéficie tout autant aux producteurs qu’aux consommateurs. Cette coopérative est directement concernée par la directive européenne.
La demande croissante des consommateurs pour des petits fruits ou légumes, comme les tomates cerises, a entraîné une individualisation des emballages pour préserver ces produits alimentaires fragiles.
L’emballage alimentaire à usage unique en plastique répondait idéalement à ce nouveau besoin. Cela permettait aussi de donner suite à la nécessité de traçabilité et de limiter le gaspillage alimentaire grâce à des portions mieux adaptées aux besoins des différents profils de consommateurs.
Il a donc fallu trouver une solution qui donne la possibilité de conserver ces conditionnements pratiques et plébiscités par les consommateurs.
La marque Solarenn s’est adaptée à l’interdiction du plastique à usage unique en réinventant ses emballages : dès 2020, la coopérative a choisi d’opter à 100 % pour des barquettes fabriquées avec du carton recyclable et du film OPP.
Cependant, ce dernier, également concerné par la directive européenne, devra à son tour être remplacé d’ici 2022 (il sera totalement interdit à partir du 1er janvier 2022).
La coopérative devra donc là encore s’adapter pour trouver une alternative et créer un emballage alimentaire écologique qui répond aux normes de qualité attendues.
LE CAS SEB : UN GÉANT CONTRE LES EMBALLAGES PLASTIQUES
Le groupe français SEB est le numéro un mondial dans le domaine du petit électroménager domestique, avec pas moins de 12 produits vendus chaque seconde dans le monde.
Le groupe possède en outre de nombreuses filiales, des marques grand public, premium ou professionnelles telles que Calor, Moulinex, Rowenta, Curtis, WMF ou encore Tefal. SEB est particulièrement concerné par l’utilisation du plastique dans ses produits, mais également dans ses emballages.
Le groupe français défend depuis de nombreuses années déjà ses engagements en faveur de l’environnement et du développement durable. SEB agit ainsi pour promouvoir l’économie circulaire et agir contre le réchauffement climatique.
Elle a notamment repensé ses emballages pour les remplacer par des éco-packagings. Avec la loi concernant l’interdiction des plastiques à usage unique, la marque doit elle aussi s’adapter et trouver des alternatives. Ses objectifs à l’horizon 2023 à propos des emballages sont :
- Une utilisation du polystyrène expansé réduite à zéro ;
- Un minimum de 90 % de fibres recyclées pour les cartons ;
- Zéro sous-emballage plastique.
La marque, présente dans 145 pays, encourage également l’utilisation de la certification FSC (Forest Stewardship Council ou Conseil de Soutien de la Forêt) auprès de ses fournisseurs. Ce label environnemental assure que le bois utilisé est produit via des procédures garantissant la gestion durable des forêts.
Le plastique est pointé du doigt depuis déjà plusieurs années pour son impact sur l’environnement. Avec la mise en application de la loi sur le plastique à usage unique, les entreprises et industriels n’ont plus le choix : ils doivent trouver des alternatives au plastique.
Heureusement, des solutions efficaces et rentables existent déjà, comme le carton. Pour de nombreuses entreprises, cela nécessite de repenser leurs packagings, et parfois même entièrement leur chaîne de production, mais c’est surtout une véritable avancée en matière de protection de l’environnement, un changement fondamental et qui répond aux attentes des consommateurs.