Qui garde son pain, en mange le lendemain
Les chiffres du gaspillage alimentaire sont terrifiants : chaque année, en moyenne un Français jette 30 kg d’aliments non consommés dont 7 kg encore sous emballage*… Ces « déchets » pèsent 10 millions de tonnes par an, soit l’équivalent de 18 milliards de repas. Pour remédier à cette aberration, la lutte s’organise. Parce que gaspiller est totalement périmé.
La poubelle est pleine
En matière de gaspillage alimentaire, les ménages sont les premiers montrés du doigt, non seulement en France (chaque habitant jetterait l’équivalent d’un repas par semaine), mais plus généralement en Europe et dans le monde entier. A l’échelle du globe, les chiffres donnent la nausée : plus de 41 tonnes de nourriture sont jetées chaque seconde, soit au total 1/3 de la production mondiale de denrées alimentaires dédiées à la consommation… Pratique commune à tous les pays, quels que soient leurs revenus, ce gaspillage se retrouve à tous les niveaux de la chaîne alimentaire (production, récolte, manutention, transformation, distribution et consommation). Mauvais calibrages, ruptures de la chaîne du froid, dates de péremption atteintes, emballages abîmés… les raisons de jeter ne manquent pas.
Quand l’État met le nez dans nos ordures
Absurdité quand on sait qu’en France, une personne sur 10 a encore du mal à se nourrir correctement. Le gaspillage alimentaire représente aussi un non-sens écologique (par son impact environnemental) et économique (la FAO en estimait le coût à 565 milliards d’euros par an en 2013). La lutte contre le gâchis alimentaire remonte en tête de liste des priorités gouvernementales.
La loi de lutte contre le gaspillage alimentaire (suite au pacte du même nom de 2013, reconduit en 2017), introduit obligations et sanctions vis-à-vis des grandes surfaces et distributeurs (2016).
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (10 février 2020) renforce le dispositif. L’Etat fixe le cap : réduire le gaspillage alimentaire de 50 %** pour la distribution alimentaire et la restauration collective d’ici 2025, et de 50 %*** dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale d’ici 2030.
Rien ne se perd, tout se récupère
Si la guerre n’est pas encore gagnée, la bataille contre le gaspillage fait rage. Consommateurs, associations, pouvoirs publics et industriels rivalisent d’ingéniosité. Les solutions se multiplient pour alléger nos poubelles sans pour autant alourdir la facture :
- mesures de bon sens (« acheter malin », « bien conserver ses aliments », « cuisiner astucieusement »),
- adaptation du marché (contraintes de calibrage allégées voire promotion des « produits moches »,
- emballages pour une meilleure conservation des aliments ou pour des quantités plus adaptées à la consommation, baisse du prix des produits à DLC**** courtes)
- solutions innovantes (applications numériques pour réduire le gaspillage en restauration collective, limiter les invendus des commerçants, ou faciliter les dons entre particuliers, poubelles connectées dans les cantines, recyclage des biodéchets des restaurants en énergie…).
* Chiffres de l’ADEME, 2019
** par rapport à son niveau de 2015
*** idem
**** Date Limite de Consommation