Carniculture : meat or reality ?

En 2013, le premier steak haché « en éprouvette* » est présenté à la presse. En décembre dernier, une start-up israélienne lui donne une apparence et une texture semblables à celles de la viande naturelle.

Cette viande in vitro sera-t-elle LA solution pour résoudre les questions de bien-être animal, de sécurité alimentaire et de préservation environnementale posées par notre alimentation carnée ? Plusieurs entreprises, à l’image de Feed, Impossible Foods ou encore Memphis Meat, investissent dans les alternatives aux produits carnés pour nourrir le monde sans le détruire.

10 milliards d’humains en 2050, et moi et moi et moi…

 

Les projections démographiques sont formelles : en 2050, la population mondiale frôlera la barre des 10 milliards. Une croissance dont les répercussions sur la demande alimentaire sont déjà quantifiables, notamment au niveau de la production animale (viande, produits laitiers, œufs) : celle-ci doublerait. Une intensification prévisible de l’élevage aux conséquences environnementales préoccupantes : selon la FAO (Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) il émettrait environ 15 % des gaz à effet de serre mondiaux…

Fausse viande et vrai dilemme

Bien que manger de la viande ne relève plus de la survie, l’innovation technologique pourrait une nouvelle fois venir au secours de l’humanité. Ainsi, la culture de la viande in vitro incarnerait une alternative pour continuer de produire – et de manger – une viande « propre ». À la fin de l’année 2018, la jeune pousse Aleph Farms, basée en Israël, présentait son « steak de laboratoire », élaboré à partir de cellules bovines. D’aspect proche d’un morceau de boucherie, cette viande de synthèse reviendrait toujours plus cher que le bœuf d’élevage, mais bien moins que son « ancêtre », datant de 2013, dont la production unitaire avait coûté 290.000 euros ! Forte de cette première, la carniculture poursuit son développement et attire de plus en plus d’investisseurs de l’industrie agro-alimentaire outre-Atlantique. Ainsi, Impossible Foods propose un steak « vegan » dans lequel est inséré « l’hème », une molécule (naturelle) produite en laboratoire, qui donne la texture, le goût et l’odeur de la viande. Commercialisé avec succès, l’entreprise s’attaque désormais à la volaille, au porc, au poisson. Face à cette tendance, difficile de prévoir la réaction des consommateurs : toujours plus soucieux de connaître l’origine et l’impact de leurs aliments, se laisseront-ils tenter par des faux-filets qui n’auront jamais aussi bien porté leur nom ?

* obtenu à partir de cellules souches de muscle de bœuf